Sami, Samuel, Rosalie et les autres

Aaahhhh !!! Enchantement de la rencontre inopinée, plaisir de l’incarnation en homme ordinaire d’un fantasme légendaire…Je m’explique :  tout commence il y a bien longtemps avec un film « César et Rosalie » Mais si ! vous le connaissez forcément ! rappelez vous !  la beauté inégalée de Rosalie (Romy Schneider) sur une plage de Sète, une bouteille de vin à la main, le visage à demi nu sous un chapeau de paille ajouré… souvenez vous de la jalouse fureur de César (Yves Montand) qui le rend unique si attaché et si attachant, et bien sur ….. des yeux noirs et infiniment doux de David (Sami Frey). Un trio inoubliable qui revisite sous la caméra de Claude Sautet l’amour, l’amitié, le bonheur d’être seul, à deux, à trois, la difficile expérience de la perte et du partage. Bref c’est un de mes films culte comme on dit, je le regarde régulièrement pour m’en délecter un peu plus chaque fois.

Et donc, hier soir, David (mon compagnon aux yeux bleus) m’emporte vers cette plage, je ne sais rien encore, je marche à ses côtés, d’un pas rapide pour ne pas manquer ce rendez vous surprise. Je ne vois pas l’affiche sur la façade du Théâtre de l’Atelier, pressée que je suis d’atteindre les toilettes, histoire de soulager ma vessie écrasée en permanente sous le poids de notre enfant que je porte avec bonheur. Puis j’entre dans la salle surchauffée et manque de m’évanouir ! mais je n’en ai pas le temps….les lumières s’éteignent déjà. Long silence… une porte claque… un signal lumineux clignote… un sifflement agressif retentit... L’obscurité s’atténue et j’oublie tout ! La chaleur de la salle, mes lombaires douloureuses, mon inconfort sur ce petit fauteuil insensible aux femmes enceintes, la toux impolie de mon voisin… car je suis sous ce soleil des années 70, je tends une cuisse de poulet à César, attrape le verre de vin que Rosalie me sert. Il faut que je pense à mettre de la crème solaire !

David est assis face à moi, les cheveux ont un peu blanchi, quelques rides gracieuses ont investi son visage et il n’en est que plus vivant et présent …si près.  Sa voix s’élève pour couvrir ce rêve silencieux. Aaahhh !!! la voix de Sami Frey, étonnante, à mi chemin entre l’outre tombe et le conte enfantin, un ciel bleu d’hiver. Le texte est torturé à l’image de son auteur, Samuel Beckett, difficile à saisir parfois sous le poids de tant de richesse langagière et de tourments intérieurs. Malgré cela, mon ventre n’est pas inquiet mais rassuré devant tant d’élégance, il s’apaise, reconnaît cette voix, cette présence si familière et ce soir si imprévue.

« Premier amour » de Samuel Beckett; Mise en scène et interprétation Sami Frey. Théâtre de l'Atelier. Paris, 18e. 19h du mardi au samedi. 01 46 06 49 24 .jusqu’au 16 janvier 2010.

Comments

[karine]

Mais où es-tu mon Césaaaaaaaaaaaaaaaaaar !!!!!!