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Azul y Verde
28 décembre 2009

Thérapie familiale à la nipponne

Comment expliquer la beauté d'un bol d'argile posé sur une table dans la pénombre d'une fin de journée? Comment dire la fragilité d'un homme qui redevient enfant apeuré en présence du père ? Comment raconter la véracité de ces instants de vie familiale qui abolissent tous les espaces géographiques et culturels ?still_walking_haut
J'avais aimé le film "Tokyo Sonata" pour les mêmes raisons, le soulèvement des esprits , la révolte muette qui prend voix et gestes pour faire céder la pression culturelle et sociale si prégnante au Japon. La famille qui bascule au delà de la bienséance pour faire peau neuve.
Chacun, dans ce film "Still Walking" y met du sien.
La mère d'abord, qui bouscule tout son p'tit monde, il faut dire qu'elle s'exprime pour 2 vu "l'autarcie" du père. Elle ressemble (même parfois physiquement) à la vieille femme de Miyazaki dans "le château ambulant". Elle est piquante, joyeuse, sage et puis tout à coup terriblement cruelle, démente, et désespérée.
Le père n' est pas aussi déroutant, fier comme un I, aussi autoritaire qu'exigeant, à peu de choses près le même que celui de "Tokyo Sonata" mais en plus grisonnant, la figure typique presque caricaturale du patriarche nippon.
Je pourrais continuer ainsi : la fille, la belle fille, le gendre.... non pas qu'ils ne soient pas remarquables loin de là, mais je brûle d'impatience d'en venir au fils, le second, le vivant.
139132_1_still_walkingTout m'a ravie chez ce personnage, sa douceur mêlée de sa rage intérieure, son visage très mur et masculin qui devient pâle et fragile sous le poids des réminiscences de son enfance. Il m'a semblée par moments voir la tête d'un frêle gamin sur le grand corps musclé d'un adulte. Je l'ai accompagné, le film durant, sur ce chemin laborieux qu'il suit, seul la plupart du temps, pour réussir à comprendre, à pardonner, à devenir enfin père.... et fils par la même occasion.
Pour accentuer cette idée de progression dans le temps, de cheminement intime, les trajets à pieds rythment la journée, du bus à la maison, de la maison au cimetière, il faut monter, descendre, traverser, marcher encore et encore, pour pouvoir avancer!
J'ai ressentie ce film comme une sorte de parcours, de boucle générationnelle qui sans cesse se dénoue, s'arrache parfois mais avec l'ambition que le nœud suivant soit plus solide ou plus facile à dénouer si nécessaire.
La poésie des images, l'originalité de certains plans, les couleurs, les sons, ne font que rajouter à l'intelligence de ce conte universel.

"Still Walking " de Hirokazu Kore-Eda
Sortie en salle le 22 Avril 2009

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